Delphine de Girardin

Delphine de Girardin - La canne de M. de Balzac - reedition editions Veliplanchistes 2024 avec preface Marie-Eve Therenty et dessins Cool Jane Cloud

Delphine de Girardin est l’autrice du roman La Canne de M. de Balzac que nous rééditons préfacé et illustré

Delphine de Girardin - La canne de M. de Balzac - reedition editions Veliplanchistes 2024 avec preface Marie-Eve Therenty et dessins Cool Jane Cloud

Delphine de Girardin est née en 1804 à Aix-la-Chapelle dans un contexte social et culturel favorable au déploiement de ses talents littéraires. Sa mère – écrivaine, compositrice et salonnière de renom – Sophie Gay la poussa à l’écriture et l’encouragea avidement à déclamer sa poésie et sa prose dans les salons de la Restauration. Elle nomma en outre Delphine d’après le roman éponyme écrit par Germaine de Staël ; en somme elle destina sa fille à une carrière littéraire. Entourée de cette aura, Delphine Gay ne pouvait qu’écrire, et des ses 17 ans, elle conquit le tout-Paris.

En 1824, mademoiselle Delphine Gay voit paraître ses Essais poétiques, qu’elle dédie à sa mère. À peine âgée de 20 ans, ses premiers poèmes sont publiés dans le périodique La Muse française. L’année suivante, alors au sommet de sa gloire, ses poèmes lui permettent d’obtenir une pension royale de la part de Charles X.

En 1832, elle s’essaie à la nouvelle fantastique avec Le Lorgnon. Elle continue d’écrire des poèmes, des stances, et d’autres formes courtes comme des contes. En 1835, paraît son premier roman chez la librairie de Dumont, Monsieur le Marquis de Pontanges, et l’année suivante, chez le même libraire-éditeur, La Canne de M. de Balzac. Entre 1836 et 1848, elle tient dans la rubrique Courrier de Paris, les Lettres parisiennes, une chronique hebdomadaire publiée dans La Presse, tenue par son mari, sous le pseudonyme du Vicomte Charles de Launay (pour en savoir plus : https://gallica.bnf.fr/essentiels/girardin/lettres-parisiennes). À partir de 1838, elle écrit sa première pièce de théâtre, et huit autres suivront.

Grâce aux salons qu’elle fréquente sous la Restauration puis par ceux qu’elle tient sous la monarchie de Juillet, Delphine rencontre et devient l’amie de Lamartine, de Vigny, Chateaubriand, Balzac, Hugo, etc.

Elle devint en 1831 Mme de Girardin en épousant Émile, un magnat de la presse, ce qui, après s’être essayée à la prose, lui ouvre les voix d’un nouveau type d’écriture : le journalisme. Un article récent de la chercheuse Lucie Barette la décrit comme une pionnière du journalisme : https://theconversation.com/delphine-de-girardin-une-pionniere-du-journalisme-dans-la-france-sexiste-du-xix-siecle-180606 Dans ce même article, Lucie Barette revient sur le contexte fortement sexiste et misogyne dans lequel Delphine de Girardin écrivait, et évoque l’intéressant phénomène de dénigrement de soi dans l’optique de se faire accepter par ses pairs.

“Delphine de Girardin, doit, elle aussi, en dépit des nombreux privilèges dont elle bénéficie, trouver comment se faire accepter par un milieu qui se déclare sans cesse hostile à son existence. Elle démontre alors son allégeance au discours général sur les « femmes littéraires » : des bas-bleus qui dégradent le milieu littéraire. Elle renvoie les femmes à une destinée considérée comme naturelle : la discrétion et la séduction du foyer marital et familial. Pourtant, la personne qu’elle est transgresse formellement ces prescriptions, et elle contredit dans ses « Courriers » l’inexistence de génie féminin en citant régulièrement des femmes de lettres – Constance Junot d’Ambrantes, Virginie Ancelot, Sophie Gay, George Sand, Germaine de Staël, Marceline Desbordes-Valmore, Amable Tastu sont citées dans les « Courriers » pour des sorties littéraires et/ou dramatiques.” (Lucie Barette, The Conversation, art. cité)

On verra en effet dans La Canne de M. de Balzac que nous rééditons, que l’autrice cite de nombreuses femmes de lettres, et indique même dans le roman qu’il existe au moins une soixantaine de poétesses (voir p. 209 – nous nous sommes amusé.es à rechercher les poétesses actives à l’époque de la parution du roman).

Dans sa préface à notre réédition, Marie-Ève Thérenty dit d’ailleurs : “on lira le roman de Madame de Girardin comme un palimpseste qui s’autorise, certes, de plusieurs autorités romantiques masculines dont elle entrelace avec malice la prose à la sienne mais qui aussi compose une forme d’anthologie d’écrivaines. La Canne de M. de Balzac est alors l’expression d’une certaine sororité et montre la conscience d’une résistance collective à mettre en place. On aura raison de lire le livre ainsi.”

Delphine de Girardin s’éteint à Paris en 1855, fière d’une œuvre dense et variée.