Juliette Lamber

Juliette Adam (Juliette Lamber)

Juliette Lamber est l’autrice du roman Laide, un conte cruel que nous rééditons

Juliette Lamber (1836-1936), plus connue sous le nom de Juliette Adam, est une femme de Lettres et une républicaine militante. C’est par la politique que l’on connaît particulièrement Juliette Lamber, grâce au rôle qu’elle a joué en tant que salonnière. Elle était en outre connue pour sa fonction de rédactrice en chef de la Nouvelle revue française, qu’elle a fondée en 1879, avec l’ambition de proposer une revue républicaine qui s’opposerait à celles conservatrices, comme la Revue des deux mondes. Elle y diffuse notamment des textes écrits par des femmes, leur offrant une tribune pour s’exprimer et faire découvrir leurs œuvres (lire à ce propos le rôle essentiel des revues dans la promotion et diffusion des femmes de Lettres : Des revues et des femmes. la place des femmes dans les revues littéraires de la Belle Epoque jusqu’à la fin des années 1950, Honoré Champion, 2022).

À noter qu’elle fait partie du premier jury du prix Vie Heureuse (organisé par la revue éponyme), et qui deviendra ensuite le prix Femina (suite au rachat et à la fusion des deux revues), qui récompensa notamment Hélène Picard que nous avons aussi rééditée.

Son roman Laide (1878) que nous rééditons et son troisième ouvrage publié (sur une vingtaine) est le premier d’une trilogie dite “grecque” car d’inspiration néo-helléniste, qui est suivi de Grecque et Païenne. C’est à partir de 1878 qu’elle se tourne vers la littérature, mettant quelque peu de côté le politique. La recherche universitaire a étudié davantage Juliette Lamber comme salonnière républicaine ou directrice de revue que comme femme de Lettres (romancière et poétesse), et nous souhaitons, par cette réédition, y remédier.

Son premier ouvrage, l’essai Idées antiproudhoniennes sur l’amour, la femme et le mariage (1858) est particulièrement intéressant pour envisager Juliette Adam comme féministe, car en effet, elle y réclame l’égalité femmes-hommes, revenant ainsi sur les théories misogynes de Pierre-Joseph Proudhon. Il s’agit d’une réponse à l’essai De la justice dans la Révolution et dans l’Église publié en 1858 dans lequel il attaque notamment George Sand, chère à Juliette Lamber, à qui elle dédicace d’ailleurs Laide.

En effet, George Sand est une source d’inspiration pour Juliette Lamber, et la lecture de La Petite Fadette de Sand mène a créer de nombreux rapprochement avec Laide, ce qui n’est pas sans intérêt. Une thématique notamment ressort, celle de l’éloignement purifiant, le besoin de partir pour revenir changée (physiquement et moralement), que l’on retrouve aussi dans Lucienne de Judith Gautier, publié un an avant chez le même éditeur. Une lecture comparée semble tout à fait pertinente entre les romans de ces deux grandes femmes de Lettres.

Références

Aldo D’Agostini, « L’agency de Juliette Adam (1836-1936) », Rives méditerranéennes [En ligne], 41, 2012, mis en ligne le 28 février 2013, consulté le 26 novembre 2022. http://journals.openedition.org/rives/4141

Amélie Auzoux, Camille Koskas, Élisabeth Russo, Des revues et des femmes. la place des femmes dans les revues littéraires de la Belle Epoque jusqu’à la fin des années 1950, Honoré Champion, 2022. 

Ying Wang, « Déviance et transgression: L’image de l'”ange” rebelle dans Laide de Juliette Lamber », French Forum, 39(1), 2014, p 33-47, University of Pennsylvania Press. https://www.jstor.org/stable/43954037

Juliette Adam (Juliette Lamber)
Juliette Lamber